Du burn-out à la renaissance professionnelle : Quand la chute devient renaissance
Admin Hyphen

Un témoignage authentique sur le parcours vers la reconstruction et la création d'Hyphen
Quand tout s'effondre comme un château de cartes
J'aimerais vous parler du parcours après un burn-out. S'il est important de prendre en considération la difficulté du burn-out en lui-même, s'en sortir est un long chemin semé de rechutes, de remises en question, de (re)découvertes, de hauts et de bas. Dans une société où l'on voit la plupart des malades de burn-out comme des "profiteurs", il est compliqué de transmettre la difficulté de se soigner. Pourtant, beaucoup d'entre nous sortons de cet enfer bien plus forts qu'auparavant, mais tellement affaiblis aux yeux de cette société.
Je me présente : Odile, 35 ans, une femme qui a grandi dans une famille de classe moyenne, avec la chance de pouvoir choisir son éducation, d'avoir des loisirs, de partir en vacances. Je n'ai pas eu à me plaindre matériellement. Mon seul problème a été de ne jamais me sentir à ma place, de ne jamais faire "assez", de ne pas être à la hauteur, de ressentir toujours trop mais d'avoir appris très tôt à porter un masque.
Dans la vie, m'avait-on dit, tout est une question de courage, de force. Si tu tombes, tu te relèves. Pas le temps de s'apitoyer, pas le temps de se reposer, il faut avancer. J'ai grandi comme ça et je suis devenue adulte avec cette philosophie.
Le parcours vers l'épuisement
Mon chemin m'a menée vers les Ressources Humaines par le biais des cours du soir, tout en travaillant. Déjà à cette époque, comme beaucoup d'autres, j'accumulais la fatigue avec une exigence d'être au rendez-vous sur chaque point : le boulot, les études, les stages.
Ce qui me caractérise, c'est l'exigence, la loyauté, le courage, l'empathie, la bienveillance, la générosité et l'honnêteté. Je donnais tout pour mon travail autant que pour ma famille, mes amis, ma vie sociale. Et vous savez ce qui se passe quand vous voulez tout donner dans chaque sphère de votre vie ? Lorsqu'il y a une faille, tout finit par s'effondrer.
Le tournant : devenir maman
En 2023, je suis devenue maman. Le chamboulement a été pour moi un tsunami. Mon fils a été la clé qu'il me fallait pour réaliser que je n'étais pas sur le bon chemin. Je m'épuisais, je m'éteignais à petit feu, je tombais malade sans même me rendre compte que je devenais un zombie.
Dans ce monde, les gens comme moi passent inaperçus : on va toujours bien, on écoute les autres, on est présent, nos collègues nous adorent, on sacrifie des congés, on reprend des dossiers, on sauve les fesses des responsables. On fait des heures supplémentaires, on aurait droit à une médaille, mais il ne faudrait pas trop en demander.
La chute
En août 2023, j'ai repris le travail en 4/5ème après mon congé maternité. La réalité : j'avais laissé un temps plein avec des heures supplémentaires en partant, je suis revenue avec un temps plein et des heures supplémentaires à effectuer durant un 4/5ème. Avec un petit bout qui m'attendait à la maison.
En janvier 2024, ma responsable s'est fait licencier du jour au lendemain. J'ai perdu un soutien important et je me suis retrouvée seule avec une Direction qui ne captait pas ce que signifiait gérer des travailleurs. J'ai dit à mon époux : "Je vais sauter dans quelque temps."
Stress, angoisses, surcharge de travail, insomnie... Mon état se dégradait petit à petit. Je me retrouvais à pleurer seule dans mon bureau, aux toilettes. J'avais une boule au ventre quand je devais me rendre au travail. J'étais épuisée, pressée comme un citron, régulièrement malade, avec des douleurs à la poitrine, des crises d'angoisse, des difficultés de concentration, des pertes de mémoire.
Le pire : ces absences au volant, ne plus savoir quelle route j'avais empruntée, revenir à moi à un feu rouge sans savoir comment j'étais arrivée là. Quand ça vous arrive avec votre enfant dans son siège auto, vous comprenez que vous ne pouvez pas continuer.
Le diagnostic et l'abandon
Fin mai 2024, lors d'un rendez-vous médical pour ce que je pensais être un simple mal de gorge, j'ai craqué devant mon médecin. Le diagnostic est tombé : burn-out. Des mots trop lourds pour moi à accepter.
La réaction de mon entreprise ? Pas un message pour savoir comment j'allais, pas même un "repose-toi et reviens en forme", pas un merci. Un silence, de la violence vraiment, et un licenciement direct. Leur comportement a été pire que le diagnostic lui-même, mais ils m'ont libérée, et pour ça, je ne pourrai jamais assez les remercier.
La reconstruction
Suivi médical et psychologique évidemment. Une psychologue au top qui a réussi à trouver les failles, les causes, et m'a donné les outils pour me reconstruire.
Le plus important quand vous tombez malade : accepter que vous n'êtes pas coupable, que vous ne fraudez pas, que vous n'êtes pas une profiteuse, que vous n'êtes pas fragile. C'est justement le contraire. Après avoir accepté que vous êtes malade et qu'il faut vous soigner, vous pouvez commencer le travail.
C'est un long chemin rempli de questions, de retours dans le passé, d'analyses du présent et de prévisions de l'avenir. Une vraie reconstruction. La mienne a été de me retrouver, de comprendre ma dualité entre mon besoin de cadre et de rigueur et mon besoin de liberté et de créativité. Être à l'écoute de mes besoins essentiels, de mes émotions. Arrêter de me conformer à ce que je pensais devoir être, arrêter de faire pour plutôt être.
La naissance d'Hyphen
Tout cela m'a amenée à ce projet qu'est Hyphen. Je suis tellement heureuse de pouvoir le développer. Je souhaite qu'il puisse devenir un symbole pour ceux qui ont un parcours atypique, pour ceux qui sont en reconversion ou sur le point de l'être.
Une approche différente du recrutement
Hyphen, c'est plusieurs pôles qui reflètent ma vision humaniste du travail :
Le recrutement avec une âme : Je veux trouver le bon candidat pour l'employeur, mais au-delà des hard skills, j'ai vraiment envie de mettre les soft skills en avant. Je veux que les profils atypiques puissent être mis en avant : les reconversions, les jeunes, tous ceux qui méritent une chance. Je veux que chaque candidat puisse ressentir qu'il a sa place, qu'il soit accueilli dans la bienveillance.
Le coaching individuel : Accompagner des candidats à se trouver, à se diriger vers une autre carrière, une autre entreprise, un autre poste. Du coaching pour se préparer, l'aide à la rédaction de CV, les tests de personnalité et de compétences, reprendre confiance en soi. Je veux les accompagner vers leur nouveau chapitre de carrière.
La formation et l'outplacement : D'abord en partenariat avec des établissements, puis à terme avec des formations internes et pourquoi pas un centre de formation.
Un espace de confiance
Je souhaite que les employeurs comme les travailleurs puissent se sentir en confiance, que ce soit à distance pour l'instant, et un jour en présentiel dans un endroit serein, sain et bienveillant. L'antithèse de ces environnements toxiques que j'ai connus.
Le message d'espoir
À chacun pour qui cet article résonnera, je souhaite de guérir, de ne pas s'oublier. Un travail n'est pas la vie, et votre employeur ne dira jamais le contraire (pour la majorité d'entre eux).
Je me souhaite du succès et je suis fière de mon parcours, de ma reconstruction. J'espère que les employeurs qui me feront confiance pour leur trouver leur pépite sauront que ce qui compte vraiment lorsque l'on gère des êtres humains, c'est bien de les considérer comme tels.
Le burn-out n'est pas une fin. C'est parfois le début d'une renaissance plus authentique, plus alignée avec qui nous sommes vraiment.
Hyphen accompagne les parcours atypiques vers leur épanouissement professionnel. Parce que chaque histoire mérite d'être écrite avec bienveillance.