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Le grand écart entre formation et emploi : repenser l'accompagnement des jeunes vers le marché du travail

Admin Hyphen

7 août 2025·7 min de lecture
Le grand écart entre formation et emploi : repenser l'accompagnement des jeunes vers le marché du travail

Une réflexion matinale qui résonne avec l'actualité

Ce matin, en observant le mois d'août qui s'étire paisiblement, une pensée m'a traversé l'esprit. Dans quelques semaines, des milliers d'étudiants vont vivre des moments charnières : terminer leurs derniers jobs d'été, clôturer leur seconde session avec succès, recevoir leur diplôme tant attendu. Et puis... débarquer sur le marché de l'emploi sans vraiment savoir ce qui les attend.

Cette réflexion m'a renvoyé à mes propres souvenirs. À 22 ans, malgré des petits jobs, malgré les exemples et modèles familiaux ou sociétaux qui m'entouraient, j'ai ressenti ce vide indescriptible, cette sensation de solitude face à l'inconnu, ce stress lancinant d'entrer dans un monde pour lequel je n'étais pas vraiment préparé. Car la vérité, c'est que rien – absolument rien – ne nous prépare véritablement au changement de statut d'étudiant à travailleur, encore moins à celui de demandeur d'emploi.

Le constat alarmant : quand formation rime avec déformation

En Belgique, nous assistons à un paradoxe troublant. D'un côté, les employeurs peinent à recruter des candidats répondant à leurs besoins spécifiques. De l'autre, de nombreux jeunes diplômés se retrouvent désemparés face à un marché du travail qu'ils ne parviennent pas à déchiffrer. Cette inadéquation révèle un problème structurel profond : le manque criant de passerelles entre nos établissements scolaires et le monde professionnel.

Cette rupture ne date pas d'hier, mais elle s'intensifie avec l'évolution rapide des métiers et des compétences requises. Les cursus académiques, souvent déconnectés des réalités terrain, forment des étudiants brillants sur le plan théorique mais parfois perdus lorsqu'il s'agit d'appliquer leurs connaissances en entreprise.

L'illusion du choix éclairé : quand les étudiants naviguent à l'aveugle

Combien d'étudiants choisissent réellement leur orientation en connaissance de cause ? La réalité est que beaucoup s'engagent dans des études sans véritablement comprendre les débouchés concrets qui s'offriront à eux. Les descriptions de métiers restent souvent abstraites, les journées portes ouvertes superficielles, et les stages trop courts pour appréhender la complexité du monde professionnel.

Cette méconnaissance génère des attentes déformées. Un étudiant en marketing peut s'attendre à concevoir uniquement des campagnes créatives, sans réaliser qu'il devra aussi analyser des données, gérer des budgets serrés et jongler avec des contraintes réglementaires. Cette vision tronquée explique en partie la déception de certains jeunes face à leur premier emploi.

Le choc des réalités : du rythme étudiant au tempo professionnel

La transition entre la vie étudiante et la vie active constitue un véritable séisme existentiel. Le passage du calendrier scolaire, rythmé par les vacances et les examens, à la cadence continue du monde professionnel déstabilise profondément. Même les étudiants ayant exercé des jobs réguliers ne sont que partiellement préparés à cette métamorphose.

Ce choc ne se limite pas aux horaires. Il touche à l'autonomie, à la responsabilité, aux relations hiérarchiques, à la gestion du stress et à la capacité d'adaptation. Les codes du monde professionnel – communication formelle, protocoles, gestion des conflits – restent largement méconnus des nouveaux arrivants.

Les employeurs, de leur côté, se retrouvent souvent démunis face à ces jeunes talents qui possèdent les compétences techniques mais manquent de repères professionnels. Cette situation génère des frustrations mutuelles et peut conduire à des échecs de recrutement coûteux.

Vers un accompagnement renforcé : l'urgence d'agir

Face à ces constats, l'accompagnement des jeunes vers l'emploi doit connaître une véritable révolution. Il ne s'agit plus seulement de former aux compétences techniques, mais de préparer à la réalité professionnelle dans sa globalité.

Cet accompagnement doit être bidirectionnel. D'une part, donner confiance aux jeunes en leur fournissant les clés pour décoder le monde professionnel, comprendre ses attentes et développer les soft skills indispensables. D'autre part, outiller les employeurs pour qu'ils ne se sentent pas dépassés par l'arrivée de cette nouvelle génération aux codes différents.

Des pistes concrètes pour transformer l'essai

Plusieurs leviers peuvent être actionnés pour combler ce fossé :

Renforcer les liens école-entreprise par la multiplication des stages longs, des projets collaboratifs et l'intervention de professionnels dans les cursus. Les entreprises doivent devenir des partenaires éducatifs à part entière.

Développer l'accompagnement individualisé avec des programmes de mentorat associant jeunes diplômés et professionnels expérimentés. Cette approche personnalisée permet d'adapter le soutien aux besoins spécifiques de chacun.

Créer des périodes de transition encadrées où les premiers mois en entreprise bénéficient d'un suivi renforcé, tant pour le jeune employé que pour son manager. Cette approche progressive facilite l'intégration et réduit les risques d'échec.

Former les managers à l'accueil des jeunes car encadrer un junior ne s'improvise pas. Les responsables hiérarchiques ont besoin d'outils pour accompagner efficacement cette montée en compétences.

Un enjeu sociétal majeur

Cette problématique dépasse le simple cadre RH pour devenir une question sociétale fondamentale. Dans un contexte où le gouvernement mise sur la dynamique de mise à l'emploi, repenser l'accompagnement des jeunes vers le marché du travail devient crucial.

L'investissement dans ces dispositifs d'accompagnement représente un coût, certes, mais le retour sur investissement est considérable : réduction du turnover, amélioration de la productivité, renforcement de l'attractivité employeur et contribution à la cohésion sociale.

Conclusion : l'heure du changement a sonné

Le décalage entre formation et emploi n'est pas une fatalité. Il appelle une transformation profonde de nos approches, une collaboration renforcée entre tous les acteurs – établissements scolaires, entreprises, pouvoirs publics, organismes de formation – et une vision partagée de l'accompagnement des jeunes.

Chez Hyphen RH, nous sommes convaincus que cette transformation est non seulement possible mais nécessaire. Elle passe par une approche pragmatique, centrée sur l'humain et la réalité du terrain. Car derrière chaque statistique sur l'emploi des jeunes se cache une histoire personnelle, un potentiel à révéler et un avenir à construire.

Il est temps de faire du passage études-emploi non plus un saut dans le vide, mais un pont solide vers l'épanouissement professionnel. Cette ambition mérite tous nos efforts collectifs.

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